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Archéologie intime de l’objet 

Rencontre avec Etienne Schmitt, fondateur du studio āsār

Peux-tu nous raconter ton parcours et ce qui t’a conduit vers le design et le sourcing de mobilier/objets ?

J’ai d’abord étudié l’histoire et la sociologie de la mode avant de me tourner vers la photographie. Diplômé, j’ai exploré plusieurs domaines – cinéma, portrait, intérieur, photographie d’auteur - toujours en argentique.

J’ai ensuite créé une galerie éphémère, L’intime Fabrique L’Authentique, où j’ai présenté une série de photographies autour de la construction identitaire. Cette première expérience m’a donné envie de créer un espace plus personnel, mêlant image, objets et rencontres.

Le design et le sourcing se sont imposés naturellement : j’ai toujours aimé chiner et j’ai grandi dans une famille passionnée de brocantes. Les objets, les matières, les formes m’ont toujours fasciné.

Transformer cette passion en activité professionnelle a été une continuité logique. Aujourd’hui, mon travail allie recherche d’objets, restauration, photographie pour la communication et organisation d’expositions : une pratique plurielle qui me correspond parfaitement.

Qu’est-ce qui t’attire dans les objets chinés et comment nourrissent-ils ton travail ?

Les pièces anciennes me touchent davantage que les objets neufs  : elles portent un geste, un vécu, une mémoire. J’aime apprendre d’elles, les faire dialoguer entre différentes époques, matières et styles. Chaque trouvaille est aussi une rencontre, parfois avec la personne qui la transmet. Cette dimension intime, presque hasardeuse, enrichit mon regard. Enfin, chiner s’inscrit pour moi dans une démarche éco-consciente : une alternative nécessaire à la surproduction.

Pourquoi avoir choisi Montpellier pour ouvrir ta galerie d’art ?

Je parle plutôt d’un studio que d’une galerie : un lieu d’expérimentation où cohabitent curation, rénovation, scénographie, stylisme d’intérieur, encadrement, évènementiel et communication.

Montpellier s’est imposée lorsque j’y ai organisé l’exposition de lancement du studio āsār en mars. Ville où j’ai grandi, elle offrait une symbolique forte. Après cette inauguration, plusieurs collaborations ont suivi, notamment avec Boyer Molière puis avec Fabrice Deflandre, qui m’a invité à investir ses bureaux proches de l’Arc de Triomphe pour imaginer une exposition sur le langage des formes. Ces projets m’ont permis de tester différentes scénographies et de mêler objets chinés, pièces contemporaines et espace intime habité.

Comment décrirais-tu l’identité de ta galerie en quelques mots ?

Le studio āsār crée des rencontres entre les personnes et les objets. J’y présente des pièces vintage aux allures sculpturales, sensibles à la lumière et chargées d’histoire. L’éclectisme est central : je mélange matériaux, époques et signatures, privilégiant les pièces des années 1950 à 1990. Les luminaires y tiennent une place essentielle. L’image est également au cœur du projet : je photographie chaque objet à l’argentique et j’intègre des photos anciennes à la sélection, souvent encadrées dans des châssis-presse historiques. Enfin, le studio est itinérant et fonctionne par expositions, privilégiant l’expérience et la rencontre.

En quoi ton rôle de designer et de galeriste se complètent-ils ?

Je ne me considère pas comme un designer au sens strict, mais mon travail de restauration et de sélection affine mon regard de curateur. Manipuler les objets, les associer, nourrit mes intuitions esthétiques.

Inversement, ma sensibilité de curateur influence la manière dont je présente les pièces : je cherche à créer des environnements vivants, à mi-chemin entre galerie et intérieur habité, et à raconter des histoires par la scénographie. Le dialogue avec les visiteurs achève de lier ces deux pratiques.

Quels sont tes prochains projets ou rêves pour la suite ?

Je souhaite poursuivre sous le format de l’exposition, qui reste ce qui me stimule le plus. Mon prochain objectif est d’en organiser une troisième, en invitant des marchands et des artistes dont j’admire le travail.

J’aimerais aussi chiner à travers l’Europe et collaborer avec des lieux atypiques souhaitant accueillir des expositions éphémères.

À long terme, je rêve d’un atelier-showroom modulable : un espace où restaurer, photographier et présenter les pièces en lumière naturelle, tout en y imaginant des scénographies changeantes et des expositions collectives mêlant objets chinés et œuvres contemporaines.

Photographies : Carla Lauly

Sculptures : Léontine Furcy

Mobilier vintage : Bertrand Voiron – Carole Lepaumier – Alexandre Rodriguez

Objets, art mural, curation & scénographie : āsār studio

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