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Au bout du monde…

« Le véritable voyage, ce n’est pas de parcourir le désert ou de franchir des montagnes, c’est de parvenir en un point exceptionnel où la saveur de l’instant baigne tous les contours de la vie intérieure. » Antoine de Saint-Exupéry

Après plusieurs années de voyage, Marise et Monia viennent de s’installer en Lozère, un lieu unique où dialoguent une architecture centenaire, un paysage grandiose et un intérieur très apaisant. Un hameau au bout du monde où seuls les oiseaux, le vent et les causses viennent perturber les jours. La roche, les arbres, les gorges et les vautours !


Situé près du village de Saint-Georges-de-Lévéjac, on accède par des routes pittoresques qui parcourent le Causse de Sauveterre et traversent des villages à l’architecture caussenarde typique. Perché sur les hauteurs du Causse de Sauveterre, on surplombe le Cirque des Baumes. Ici, le Tarn nous fait le cadeau d’un virage à angle droit, nous permettant ainsi d’admirer les Gorges en enfilade, des Détroits jusqu’au Pas de Soucy. Face à nous, les abruptes falaises du Causse Méjean semble nous inviter, tandis qu’au-dessus de nos têtes tournoient les vautours fauves et les vautours moines, qui complètent ce tableau époustouflant. Nous sommes au Point Sublime à quelques mètres de Almières, hameau perdu dans ce paysage de falaises et de landes.


« J’ai été électrifié par le lieu » nous dévoile Monia. Après des mois de recherche sans succès, Marise et Monia arrivent à reculons à Almières car elles avaient rêvé de Méditerranée, de plages de sable fin ou d’oliviers. La Lozère est un territoire austère où les éléments peuvent se déchaîner en hiver, où les habitants sont invisibles, où les routes sont étroites. Elles ont ressenti ensemble une énergie pure, un sentiment d’immense liberté et de bienfaisance. Le lieu de leur projet était trouvé : un hameau totalement perdu où Marise et Monia organisent des retraites « bien-être » intimistes (maxi 10 personnes) autour du yoga et des voyages sonores.


Les travaux sont titanesques : 1 000 m2 de bâti dont une longère de 42 mètres et 8 hectares de nature brute. Avec l’architecte montpelliérain Didier Richard elles restaurent dans la plus pure tradition de la région les toits de lauze, les murs de pierres sèches. La transformation intérieure est opérée par Carmen Pardo, architecte d’intérieur, venue de Barcelone avec son savoir-faire unique en matériaux et artisanat local.


Le bain japonais ou Onsen donne le vertige face aux gorges du Tarn.

L’entrée du lieu découvre un hameau avec plusieurs maisons centenaires, un sentier qui serpente entre elles, des murets de pierre et « l’aubriète » cette jolie fleur qui se faufile partout et décore de bleu vif la terre et les cailloux. On suit un chemin de larges dalles pour découvrir la placette et les bâtiments principaux. Didier Richard a eu la fabuleuse idée d’ouvrir la longère en son centre : une véranda immense qui laisse le ciel entrer et toutes les saisons. Il se joue des volumes et de la lumière pour mieux accueillir la vue incroyable. La longère se compose d’un large espace de restauration et d’un salon intime. La cuisine se cache derrière une verrière sombre pour donner encore plus d’éclat à la table d’hôtes en bois massif et le spectacle du ciel.


Le salon avec son immense ouverture sur les arbres, sa cheminée centrale et son ameublement aux teintes douces et aux matières nobles est en synergie avec la nature extérieure comme une cabane luxueuse où l’on a envie de se réfugier pour lire, discuter et rire.


Le salon aux teintes douces, coussins et plaids de laine, canapés boho chic et la cheminée Focus, telle une sculpture structure l’espace.

Comme une forteresse la longère arrête le vent et à l’arrière se découvrent les gorges, la roche et le Tarn qui serpente. Une terrasse avec sa pergola chataignier (bois local) propose une vue unique sur le paysage. Tout ici se conjugue, se cultive, les correspondances, les affinités, les croisements pour bâtir un lieu en osmose totale avec la nature, enraciné dans la Causse.


Utilisant la pierre locale, la chaux, le bois, ayant recours au recyclage, aux biorupteurs (interrupteur qui permet de supprimer automatiquement toutes les émissions électromagnétiques en l’absence de consommation électrique), tout respecte l’environnement et revendique le choix de l’éthique. Si la structure même de la rénovation du hameau XVIIIe est exemplaire, il l’est aussi dans le traitement esthétique que Carmen Pardo a porté à l’aménagement intérieur.

Comme une forteresse la longère arrête le vent et à l’arrière se découvrent les gorges, la roche et le Tarn qui serpente. Une terrasse avec sa pergola chataignier (bois local) propose une vue unique sur le paysage. Tout ici se conjugue, se cultive, les correspondances, les affinités, les croisements pour bâtir un lieu en osmose totale avec la nature, enraciné dans la Causse.

La cuisine en bois massif a pris place sous les voûtes ancestrales de la longère. Atelier Saint-Paul a su tirer le meilleur parti de l’architecture en
proposant une cuisine très contemporaine et chaleureuse dans ce lieu insolite. © Mélina Lozère photographie

Parties d’origines et espaces rénovés s’unissent dans un assemblage invisible. Les patines naturelles font disparaître les raccords entre passé et présent autour de camaïeux tons sur tons. Chaque maison est une suite, un lodge où la lumière naturelle est travaillée en intelligence pour illuminer une salle de bain ou apporter de l’éclat à un lieu de repos. Le bois, le lin, la laine habillent chaque espace pour tempérer les matériaux bruts.


Dans ces bâtis à flanc de gorges qui semblent sortir de terre, l’harmonie et la lumière sont les piliers invisibles de cet édifice minéral. On est totalement séduit par le spectacle qui défile devant nos yeux. Nous sommes à flanc de falaises et les vautours survolent les gorges dès que la chaleur monte.


Marise et Monia ont pensé à tout et l’on aperçoit une chaise de bois massif, un tabouret de pierre, un bain japonais face à l’immensité. C’est un projet avec une approche holistique : une architecture, un paysage mais aussi des expériences singulières avec pratique de yoga, méditation, sons vibratoires, soins détente, cuisine végétale.


Notre suite préférée avec sa baignoire face au paysage. Sol et mur en chêne, draps de coton et plaid en laine, tapis de la marque espagnole
Nanimarquina. La lumière est uniquement indirecte pour mettre en valeur les voûtés.

Trois ans de réflexion et de travaux ont permis la réalisation d’un tel lieu. Alors ici à la nuit tombée quand les étoiles s’illuminent on ressent vraiment la beauté de la nature et la force des éléments. « Se laisser être » conclue très justement Marise… on en rêve !


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