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Escales estivales sous le soleil de Minorque

Texte : Isabelle Aubailly

Un mélange de sites antiques et de nature généreuse sous un climat heureux.

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Faustino Gran à Ciutadella

Des criques aux eaux claires, des champs de blé à perte de vue, des murets de pierre sèche qui courent le long des chemins, des portails de bois en olivier typiques de l’île et des habitants souriants au détour d’une ruelle ou d’un chemin.

Nous débarquons en fin d’après-midi pour récupérer notre Fiat 500 et rouler vers Ciutadella, la jolie ville portuaire du nord de l’île. La lumière douce caresse le paysage et nous découvrons des pâturages et leurs ballots de foin à perte de vue. Au loin le bleu de la Méditerranée s’étire tel un ruban scintillant. Une petite heure plus tard nous entrons dans la ville ecclésiastique, fief de l’aristocratie minorquine. De jolies maisons XVIIème rénovées, des églises, des rues étroites et des murs blanchis nous accueillent au coucher de soleil.

L’arrivée au Faustino Gran se fait par une large porte en bois dérobée. Nous découvrons une oasis peuplée d’oliviers, de palmiers, de bougainvilliers. L’atmosphère est intimiste, une pianiste distille une musique classique au son harmonieux, Ignacio nous accueille avec un verre de cava et nous propose de profiter de l’instant. 

À l’origine de Faustino Gran, se trouve la résidence principale des Faustino, une grande famille minorquine qui a longtemps habité cette maison de maître du XVIe siècle. Lorsque Laurent Morel-Ruymen la déniche (en 2014), la bâtisse est abandonnée et pourtant il décèle tout le potentiel des lieux, grâce à son patio, l’un des plus jolis de la ville. Il décide de valoriser cette idée « d’éden intérieur » et de garder l’impressionnante volumétrie. Après 2 ans de travaux il pose les fondations de Faustino Gran en ouvrant Can Faustino, ce tout premier palais. 

Les lumières s’allument et le palais découvre ses salons et son bar au plafond voûté. Pour retrouver notre chambre on sort dans la rue et on marche quelques pas pour découvrir un nouveau palais, Can LLorenç. Il s’élève au pied de la majestueuse cathédrale Santa Maria. La décoration monacale sied parfaitement au lieu où chaque objet est à sa place. Un bassin aux eaux très claires s’allonge au pied des murs de l’église, des bains de soleil vert amande proposent des siestes à l’ombre des murs. Le photographe Nicolas Guérin habille les murs des palais de ces paysages méditerranéens et figures féminines. La nature continue de s’exprimer à travers les grandes fresques végétales de l’artiste Delphine Neny qui ornent le plafond du palais. Notre chambre minimaliste est décorée avec goût et offre une vue sur les ruelles au travers de persiennes en bois naturel. Ce sont aujourd’hui 4 palais classés dont Laurent Morel-Ruymen a voulu préserver l’âme. Il a su souligner l'architecture vernaculaire, les volumes impressionnants, les arcs en plein cintre mais aussi l’esprit méditerranéen qui souffle sur l’île. Pour accompagner cette esthétique, il a opté pour des matériaux locaux naturels comme les sols en pierres de Marès, les suspensions en raphia, les murs blancs enduits à la chaux ainsi qu’une profusion de plantes luxuriantes. Il a ajouté une touche de sophistication avec des lustres en cristal, des canapés colorés en velours et des sculptures contemporaines de l’Espagnol Pedrín. 

On découvre ici et là des clins d'œil à la culture de l’île : selles de cheval retapissées faisant écho à la tradition équestre de Minorque, poterie sur-mesure façonnée par un artisan local. En collaboration avec le paysagiste David Adrienssen, les patios ont été façonnés en jardins citadins, peuplés d’oliviers, de palmiers, de bougainvilliers et de nombreuses essences de plantes locales. 

Le soleil a disparu, nous nous perdons dans les ruelles animées pour retrouver le port et déguster coquillages et poissons grillés. 

En souriant nous retrouvons le palais silencieux pour une nuit tout aussi douce. 

Au petit matin je plonge avec délice dans le bassin, seule face au clocher de la cathédrale, la température est déjà très agréable et les rayons du soleil jouent entre les feuilles des palmiers. 

Nous retrouvons Can Faustino pour un petit-déjeuner sucré-salé servi avec beaucoup de sourires et de bienveillance. Balade dans les ruelles, café sous les arcades du marché aux poissons, découverte de la cathédrale et des palais de la place Es Born. 

Le soleil est haut et sur les conseils de nos hôtes nous partons à la Casa de Pau à quelques kilomètres. Refuge chic, cet ancien huerto est une ancienne ferme typique blancie à la chaux où les légumes continuent d’être cultivés et proposés sur la table du déjeuner. Bercés par le vent, les 15 hectares de nature avec piscine et accès direct à la mer sont un refuge pour les journées brûlantes et les amateurs de kayak, de paddle ou de voile. 

On se laisse guider de la piscine avec vue sur le potager et les champs cultivés, à la table ombragée où des mets légers nous sont proposés. L’après-midi s’écoule au rythme du soleil sur le chemin des douaniers qui longe la mer et les baignades dans les criques à l’eau transparente. 

La soirée s’annonce belle avec un dîner au patio du Faustino. 

Avec ses briques au sol, ses suspensions tissées en raphia, ses tables en marbre, le restaurant, installé dans la cour intérieure décline une cuisine de vacances aux influences méditerranéennes signée par Matias Salvia. Élevé dans une famille de restaurateurs et baigné par ses origines italo-argentines, le Chef de 42 ans a fait ses armes dans des établissements étoilés tels que Tierra à Madrid et Anne de Bretagne en France. Matias Salvia sublime les produits locaux et de saison. Chaque jour, il sélectionne les herbes aromatiques, les fruits et légumes issus du potager de la Casa de Pau ou encore les viandes et les poissons de l’île, dont il aime révéler les saveurs grâce à une cuisson au four au charbon de bois - en témoigne le Poulpe grillé à l'ail noir et à la sauce à l'encre de seiche. Laurent Morel-Ruynem nous conte l’histoire du palais et de cette formidable envie de faire découvrir Minorque sous ses plus beaux atours. Passionné par le patrimoine, l’artisanat et la Méditerranée, Laurent a mené avec beaucoup de talent la rénovation et la décoration des lieux. Les plats se succèdent autour de l’huile d’olive du domaine, de poissons grillés et de légumes fraîchement cueillis. 

Aujourd’hui, il nous révèle son nouveau projet plus proche de la mer, le Cap Menorca. 

On s’endort en rêvant de balades sur l’eau, de bains de soleil sur des galets, de pinèdes et d’oliveraie.

Faustino Gran 

Sa Muradeta 22, 07760 Ciutadella de Menorca, 

Islas Baleares 

www.mareeterra.com

Experimental Menorca

On roule plein sud, vers la cala Luccalari. Au bout d’un long chemin en pleine nature, murs de pierre sèche et pins parasols, l’ancienne finca du XIXème siècle découvre ses bâtiments anciens sur un terrain de 30 hectares. 

L’Experimental Menorca dont la décoration a été imaginée par Dorothée Meilichzon offre un décor aux teintes douces et fait la part belle aux matériaux naturels dans l’esprit d’une maison de vacances artistique. Entouré de pinèdes, d’arbustes de genévrier parfumés et de fleurs sauvages, le complexe blanchi à la chaux a été soigneusement restauré : les potagers d’origine ont été reconstitués à partir de cartes aériennes datant du milieu du siècle, par une équipe d’artisans locaux. Les sols rustiques en pierre sèche, en béton ciré et en bois brut des espaces ouverts subliment des carreaux de terre cuite émaillés à la main. Le bois d’olivier pâle et le cuir naturel sont complétés par une palette de couleurs inspirée par le ciel de Minorque.

Après un déjeuner frugal au bord de la piscine nous retrouvons notre suite située dans la maison principale. Conformément à la simplicité élégante du bâtiment principal, le design des chambres est épuré. Les ventilateurs de plafond font circuler la brise de mer et les fenêtres dévoilent les couleurs de la végétation extérieure.

On adore la suite avec le large lit et sa tête de lit terracotta, le plaid graphique, le sol en terre cuite, les objets choisis et surtout la large terrasse avec vue sur les jardins. Un livre à la main, nonchalamment assis sur la banquette extérieure balayée par la brise, nous profitons d’un temps calme. La température plus clémente de la fin de l’après-midi nous permet de chausser nos tennis et de descendre jusqu’à la Cala san Lorenç à travers des champs d’herbes sèches et des pinèdes. Seuls nous découvrons une mer agitée, un lieu isolé où les mouettes rient dans un ciel pur. Nous remontons par le Cami de Cavalls, ce sentier incontournable qui offre des vues imprenables sur les falaises, la mer et le soleil qui scintille à la surface de l’eau. 

Un dernier bain dans la piscine encerclée de murets de pierre sèche qui s’allonge bleutée face au paysage, un dernier chapitre sur les lits de plage ombragés de tissu léger. 

C’est l’heure bénie, celle où le bar de la maison principale retentit de rires et où le restaurant commence à se remplir. Un bar aux bouteilles colorées, et aux cocktails légers, une carte des vins soigneusement choisie, mettent en valeur le savoir-faire local.

Direction Mahon, la capitale, pour notre dernier dîner sur l’île magique. Le marché, ses ruelles animées et ses restaurants typiques le long des quais offrent des instants festifs sous les illuminations des plus beaux bâtiments. Un dernier verre à l’Experimental pour pouvoir refaire le monde et déguster les meilleurs cocktails de l'île. 

www.menorcaexperimental.com

Dîner au Palais Son Vell 

On roule 20 minutes depuis Ciutadella à travers la campagne déserte et on découvre ce palais du XVIe siècle, entièrement restauré. Il a plu quelques gouttes avant notre arrivée et les pins exhument, les pavés de pierre scintillent et les luminaires éclairent les murs bruts du domaine. On traverse la maison principale où la matière est reine. Pierres, chaux, argiles colorées créent un décor chaleureux où l’élégance de lustres immenses redonnent vie au lieu ancestral. 

Côté jardin, le restaurant Vermell nous accueille dans un décor chic et confortable avec ses  immenses rideaux de lin, son éclairage doux et ses tables rondes en bois sombre. Vermell – rouge en dialecte minorquin – met en avant les traditions culinaires et le rythme singulier de la vie insulaire. Inspirés de recettes populaires et traditionnelles, et teintés d’influence d’Espagne continentale, de France et de Grande-Bretagne, les menus de Vermell donnent à déguster les meilleurs produits locaux. Salade d’artichauts à l’orange, loup à la cuisson parfaite, agneau confit et desserts chocolatés rendent hommage à cette île généreuse et célèbrent l’héritage considérable de la cuisine minorquine. Le service est souriant, attentionné. Un joli moment hors du temps.

vestigecollection.com

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