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Fuerteventura, océanique et volcanique

Océan atlantique dominé par les falaises volcaniques d’El Cotillo, au Nord-Est de Fuerteventura. © Anne Affortit

Récit autour de quelques lieux emblématiques de l’île la plus orientale de l’archipel des Canaries. Une île prisée par les surfers pour ses spots et par les amoureux d’immensité pour sa nature sauvage.Du sud au nord, une expérience visuelle et sensorielle, marquée par la richesse de son histoire géologique.


Etendue depuis El Islote vers la plage de Barlovento. © Anne Affortit

Dans le Parc Naturel de Jandía – Cofete


Prendre la route au plus tôt pour arriver quasiment seule sur ce lieu unique, Cofete. C’est la raison principale pour laquelle je me trouve sur cette île. Cofete se trouve dans le massif de Jandía, sur la côte sud-ouest de Fuerteventura. De Morro del Jable, vingt kilomètres de piste, rocailleuse, avec d’innombrables lacets. Deux kilomètres avant d’arriver, le mirador Degollada Agua Oveja offre une vue incomparable sur le site.
Car ce site n’est pas un lieu comme un autre. Il est le témoin direct de l’évolution géologique de l’île. Il y a plus de 20 millions d’années, le massif de Jandía était un stratovolcan. Sa partie sud s’est effondrée il y a environ 12 millions d’années. La plus grande partie du cratère a ainsi disparu dans les océans. Subsiste la partie sud de la caldeira, et son rebord qui forme l’Arco de Cofete. Cofete se trouve dans ce qu’il reste du cratère et le mirador est idéal pour admirer l’Arco de Cofete.

Arc de Cofete depuis le mirador Degollada Agua Oveja. © Anne Affortit

Arrivée au terminal de cette piste sinueuse, la plage, immense, venteuse, bordée par d’un côté un océan agité, et de l’autre les hautes falaises volcaniques de Jandía. Le pic de la Zarza, huit-cent-sept mètres d’altitude, point culminant de Fuerteventura, domine la plage. Quelques surfers se préparent.
Marcher sur cette vaste étendue de sable est l’une des plus belles expériences à vivre. On peut se diriger soit vers le sud, jusqu’à el Roque de Moro, soit vers le nord jusqu’à El Islote, petit îlot rattaché à la plage. Environ une heure de marche depuis la plage de Cofete. Et prolonger le plaisir au-delà, vers la plage de Barlovento, six kilomètres supplémentaires.
Vous êtes sur l’une des plages les plus magistrales au monde, exposées aux vents d’ouest dominants et aux courants marins violents. Avec aux pieds un sable blond chaud, au niveau de l’horizon les bleus et verts de l’océan, et en hauteur des roches volcaniques aux teintes sombres passant du violet au marron.

Plaine aride et lunaire menant à Punta Jandía. © Anne Affortit

La pointe extrême sud de l’île se nomme Punta Jandía. Pour s’y rendre, il suffit de reprendre la piste de Cofete et de bifurquer à gauche. Aucune difficulté d’accès cette fois-ci, si ce n’est le côté rocailleux de la route.
Le paysage est entièrement volcanique, donc lunaire. L’océan et sa bleuté nous tendent les bras à chaque virage.
Ce bout du monde abrite un phare, le phare de Jandía, aujourd’hui sans gardien, de 19 mètres de haut. Construit en 1864, il est l’un des plus anciens phares des îles Canaries. Sa tour, en roche volcanique, fait face à la mer et à Gran Canaria que l’on aperçoit au loin.
Sur cette terre minérale et d’une aridité totale, un peu avant le phare, des maisons blanches et quelques caravanes. Un petit hameau de pêcheurs, « Puerto de la Cruz » ou « El Puertito », avec deux restaurants. Entre ses murs, du linge qui sèche et surplombe l’océan, quelques silhouettes furtives. Le bout du monde n’est donc pas totalement désert. Mais il reste d’une beauté sauvage.


Lumière rasante du soir sur les dunes de Corralejo. © Anne Affortit

Parc naturel de Corralejo – Le désert du nord


La route côtière FV-1, ligne droite entre les dunes, relie Corralejo à Puerto del Rosario, capitale de l’île. On pourrait penser qu‘elle dénature le site. Il n’en est rien. Elle en fait partie intégrante. Souvent recouverte de sable. Jonction entre la plage et les dunes.
La zone est classée Parc naturel par l’Unesco dès 1982, avec l’île voisine, l’île de Lobos. Depuis 1994, les dunes de Corralejo et l’île de Lobos forment deux parcs naturels distincts.
Le site est remarquable à plus d’un titre. Par sa superficie. Plus de dix-huit kilomètres carrés de dunes. Une grande bande de neuf kilomètres de long et deux kilomètres de large. Les plus grandes dunes de toutes les Canaries, plus vastes que les dunes de Maspalomas à Gran Canaria. Un mini désert que les conquérants normands de l’île avaient surnommé au XVe siècle « le sable ». Il en est resté son surnom actuel : « El Jable », hispanisation du surnom français.
Par son biotope. Dix-huit espèces de plantes endémiques protégées, adaptées à la vie dans les dunes, de la Fabagelle de Desfontaines au Traganum de Moquin. Dix-sept espèces animales dont l’Outarde Oubara, espèce menacée d’extinction.
Et enfin par la nature même des dunes et leur topographie. Sous l’action des vents alizés, d’un jour à l’autre, ces dunes présentent un nouveau visage. Parcourez-les un matin au lever du soleil, revenez-y le lendemain à la tombée du jour, vous ne reconnaîtrez plus le site. Ces dunes sont vivantes, actives, et se renouvellent à l’infini. L’expérience est unique.

Beach break d’El Cotillo (4) © Anne Affortit

Carnet d’adresses

Superficie : 1660 km2
Géologie : 21 millions d’années
Latitude : 28°27°N ( Mexique / Floride )

Sur place
Bar Surf Gourmet (1). Avenida Grandes Playas 4, Corralejo.
Studio Lapa (2). Studio d’art, de dessin et de décoration. Avenida 13 de abril de 1979, 13, El Cotillo.
Festival international des Cerfs-volants (3). Corralejo, du 7 au 10 novembre 2019

Les plages
El Cotillo (4) (Piedra playa). Pour le surf et son ambiance.
Plage de Barlovento. Pour l’expérience.
Plage de Ajuy. Pour le coucher de soleil sur le sable noir.

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