Comment redonner du souffle à un lieu sans rien changer à sa structure ? Tel est le défi auquel s’est attelé l’occupant des lieux et l’architecte d’intérieur Waël Mahboubé. Après des années à Paris et de longues années à chiner les plus beaux objets, les antiquaires décorateurs sont tombés amoureux du sud, de sa lumière. Dans un immeuble XIXe de belle allure, l’appartement disposé en U est grand ouvert, à la fois sur une des plus belles avenues du centre-ville et à la fois sur un patio verdoyant. Construit par un notable de la région, le lieu était resté dans la famille depuis une centaine d’années. Il s’agissait donc de transformer ce large espace en un lieu de vie précieux et raffiné.
Le sol en barres de pierre authentiques a été conservé après une minutieuse restauration. S’entourer d’artisans au savoir-faire de qualité comme menuisier, ferronnier ou carreleur fût indispensable pour repenser l’aménagement intérieur qui manquait de rangements et de modernité. L’entrée est spectaculaire comme le reflet d’une vie entourée de beaux et d’incroyables coups de coeurs artistiques. On admire la tapisserie des Flandres du XVIIe au dessus de la console sur laquelle sont posés des objets précieux comme ces boîtes à viscères du XVIIe en marbre. Pour l’éclairer, des girandoles en bois doré du XVIIIe rénovées par Mathieu Lustrerie. Face à elle un bas-relief en plâtre de la cour des Beaux-Arts à Paris et un haut tableau sombre de Christophe Arbieu. Le « Monstre » sculpture de Pepe Mar répond en couleurs à l’esprit masculin de cette entrée. Les meubles comme la séparation avec la cuisine sont recouverts de feuilles de pierre subtilement grisées.
L’escalier central a été dessiné par l’occupant des lieux, la mezzanine et la bibliothèque ont été repensées par l’architecte d’intérieur afin d’optimiser l’espace. Enveloppante avec ses tons sombres, la chambre regorge de surprises visuelles. Derrière le lit capitonné de cuir gris éléphant, un mur rouge de Chine met en valeur les deux tableaux de Paul Bergignat (Galerie 13) dans les mêmes tons. Un bureau en noyer et métal de Pierre Paulin et sa chaise contemporaine regardent la haute bibliothèque qui couvre les murs de l’espace.
La recette gagnante du salon est le savant mélange des œuvres néo-classiques avec le mobilier contemporain : un choix audacieux qui se révèle aussi apaisant qu’élégant. Largement ouvert sur la salle à manger, le salon fait swinguer canapés de lin naturel, console en bois doré du XVIIIe et objets anciens grâce aux touches de couleurs vives des sièges Panton. La table (Crescendo) en bois noirci date de 1920 et provient d’une lointaine province espagnole. Le lustre tel un nuage argenté est une création du propriétaire réalisée par Les Fourmis Bleues. Entièrement habillé de tableaux, un long couloir comme une galerie d’art est traité avec un luxe de détails à l’image des bordures du plafond peint néo-pompéien, du portrait de Canovas ou des tableaux contemporains de Kalinovski et El Braun.
La lumière entre à flots dans ce loft à l’esprit rare. On peut rester des heures à admirer chaque meuble, chaque objet, tableau et sculpture tant l’appartement représente le meilleur de toutes ces années d’antiquités. Chacun a son histoire et l’antiquaire-décorateur aime à faire découvrir le lieu et la vie de chaque œuvre d’art. On admire les monumentales statues des Guerriers de Xian qui regardent imperturbables les allégories qui les entourent. Le corps parfait de Minerve, le drapé contemporain de Katia Morel, les sculptures de bois du XVIIe et bien d’autres objets confèrent à l’appartement un luxe unique. Un très beau dialogue entre art et décoration.
Architecte d’intérieur - Atelier WM Architecture
7 avenue du Pont Juvénal
34000 Montpellier
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