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La Casa di Limonero, un hôtel à la signature artistique rare

Texte : Isabelle Aubailly

© Photos : Antonio Arévalo

Séville à la fin de l’été…

La capitale de l’Andalousie n’a pas fini de nous séduire et de nous étonner. Il fait encore 25 degrés quand on découvre au coin d’une ruelle la lourde porte de la Casa di Limonero.

On est en plein cœur de la ville ancienne, à quelques pas de la cathédrale et de la Giralda. Perché sur la partie haute de la ville – jadis territoire des familles les plus aisées du XVe siècle - le palais s’impose comme un témoin intact des splendeurs passées, préservé et magnifié.

Six années de travaux ont permis à une collectionneuse française de construire son rêve, celui d’un écrin où le patrimoine, l’art contemporain et le design se mêlent. Assis dans la banquette Alligator des frères Campana, nous contemplons les mosaïques du XVe siècle, ressuscitées pierre après pierre et posées tel un tableau face à nous. L’architecture du palais, à la fois classique et magistrale, déploie des volumes rares, une harmonie presque théâtrale. Martina, la directrice de l’établissement, nous guide d’un pas léger à travers les salons, les escaliers, les étages. Elle connaît chaque objet.

Le mobilier, les œuvres d’art, les pièces rares ont été réunis au fil de trente années de salles des ventes, de salons d’art et de décoration, de chine. Les meubles racontent l’histoire des arts décoratifs de la seconde partie du XXe siècle et du début du XXIe. Tous les grands noms sont là ou presque : Gio Ponti, Ettore Sottsass, Charles & Ray Eames, Arne Jacobsen, Joe Colombo, Roger Talon, Vico Magistretti, Mattia Bonetti, Barberini & Gunnell… Ils dialoguent avec des artistes contemporains, peintures à l’huile, dessins, photographies et même vidéos.

Mais le véritable coup de cœur n’est-ce pas ce jardin d’agrumes découvert à l’état sauvage par la propriétaire ? Restauré avec beaucoup de soins, le jardin est une oasis avec ces arbustes méditerranéens, une table, deux chaises pour se poser et écouter les oiseaux, le silence. Quelques marches et un long bassin d’eau claire côtoie le spa aux mosaïques délicates.

« Deux ans de projet… pas simple, il fallait tout refaire, tout respecter, tout restaurer et… tout moderniser ! Pas de fondations, des milliers de céramiques (azulejos) de différentes périodes, création de 16 salles de bain, un charmant spa, une piscine réduite de moitié par respect pour tant de manque d’eau, une cuisine pour recevoir et bien sûr à privatiser ! » raconte la propriétaire.

Acquise en 2015, cette demeure historique a révélé des trésors archéologiques issus de l’époque romaine (Híspalis), des éléments mudéjars, des plafonds à caissons ainsi que des boiseries du XVe siècle, tous méticuleusement intégrés à l’aménagement contemporain.

Dans les parties communes, on découvre un salon avec cheminée dessiné par Ernesto de Ceano, une bibliothèque, un patio central aux arches mudéjares, un rooftop qui offre une vue imprenable sur la cathédrale et la Giralda.

Conçue comme un refuge à l’écart du tumulte urbain, La Casa del Limonero incarne une hospitalité fondée sur l’intimité, la discrétion et l’exclusivité. Après avoir découvert notre chambre bleue avec sa terrasse privative, sa vue sur la ruelle et les toits de la juderia, le raffinement de la salle de bain avec sa douche à l’italienne et ses cailloux de mosaïque posés à même le sol, nous prenons le temps d’admirer le mobilier, les luminaires, les œuvres d’art. On a l’impression d’être invité chez un collectionneur d’art où l’esthétique sublime l’histoire.

Il fait encore soleil, maillot de bain et peignoir en mains, nous traversons le patio pour plonger dans l’eau transparente du bassin. Seuls, allongés sur les chaises longues, nous admirons les dernières lueurs du jour, nous écoutons les voix qui montent des balcons voisins et nous nous plaisons à lire quelques chapitres de notre roman.

À la nuit tombée, après une courte douche sur notre terrasse, nous partons retrouver l’agitation des ruelles : rires, odeurs de friture, orchestre de rue, sabots des chevaux sur les pavés. Le centre névralgique de Séville est un vrai bonheur. Le plaisir se situe dans la perte de repères spatio-temporels dans ces ruelles aux façades nacrées de tant de couleurs et d’histoire. Et à la rencontre de cours et de jardins intérieurs que quelques portes vous autorisent à admirer.

Nous nous attablons en pleine rue pour déguster tapas et vins blancs frais. Le calamar est parfaitement cuit, la viande est délicieuse et les légumes grillés en pleine rue, pour déguster pleins de saveurs. L’adresse est belle, un lieu à la mode mais qui traite ses clients avec bienveillance.

Nous retrouvons avec délice le calme du palais pour une douce nuit entourés d’objets et pièces rares. Au matin je jette à nouveau des regards vers la ruelle, les toits se parent d’or, les pigeons s’envolent et les cloches d’une église tintent.

Le petit-déjeuner est servi sur la terrasse face au jardin, palmiers, orangers et citronniers. Tout est parfait dans le choix de la vaisselle, de la nourriture, des boissons. Des sculptures nous sourient et nous dégustons chaque bouchée avec attention. Martina nous fait découvrir d’autres chambres, chacune avec sa propre ambiance.

Coup de cœur pour l’Italienne, avec son lit à baldaquin en bois sombre, son plafond peint, sa fenêtre-vitrail, ses suspensions en verre de Murano. On y sent l’âme d’un palais italien au cœur de l’Andalousie.

Les 14 chambres – seulement 14 sur 3 000 m² – incarnent un luxe rare avec ses éléments architecturaux uniques, son mobilier iconique et ses oeuvres contemporaines.

Parmi les détails insolites on découvre un minibar conçu à partir d’un ancien avion Lufthansa, un ascenseur habillé de valises Louis Vuitton vintage et des appliques provenant de l’hôtel Lutetia. Rien n’est laissé au hasard.

Un hôtel devenu maison d’art

On n’a pas envie de quitter cette demeure tant il nous reste à découvrir. Martina, avec sa passion communicative, raconte les trouvailles, les enchères, les rencontres artistiques.

Marie, l’esthète française, a orchestré un dialogue entre designers et artistes, avec une élégance remarquable. Grâce à elle, le palais du XVe siècle a retrouvé une âme contemporaine, élégante et vibrante. On ne vient plus seulement y dormir : on vient pour vivre un voyage au cœur d’une collection.

hotelcasalimonero.com

Nos adresses à Séville 

Où se restaurer :

  • Restaurant El Pinton : tapas élaborés et plats délicieux, c’est à la mode mais le service est souriant et c’est vraiment bon.
  • Bodega San José 1893 : quartier très vivant des arènes, plus populaire mais très authentique. Incroyables tapas.
  • El Rinconcillo : le plus ancien bar de Séville (à priori…) typique.
  • Blanca Paloma : Quartier Triana de l’autre côté du fleuve, délicieux et très sympathique.

Où boire un verre ?

  • Bar Garlochi : A réserver pour boire un verre après dîner.
  • EME catedral Mercer Hotel : LE Roof-top de Séville pour sa vue directe sur la Giralda.
  • Pura Vida Terraza : Autre roof-top avec belle vue sur la cathédrale. Superbes cocktails.

Shopping et spectacle

  • Antonio Garcia Shop : chapeaux, ceintures et sacs cuir de très belle qualité.
  • Tablao Flamenca La Exclusiva : spectacle de Flamenco dans une salle toute petite pour mieux ressentir l’âme du Flamenco (penser à réserver).
  • Delatierra : une cave pour découvrir des vins d’Andalousie de grande qualité. L’accueil est formidable !

Et surtout n’oubliez pas d’aller visiter les Jardins de l’Alcazar, la Casa di Pilatos et de grimper à la Giralda !

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