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L’art du temps

Camargue secrète et domaine d’exception au pied de la belle arlésienne 

Texte : Isabelle Aubailly 

Photos : Laurent Boyer

L’architecture de pierre de ce mas s’enroule comme une virgule de granit au bord d’un étang, pour mieux disparaître dans le décor naturel. 

Marianne et François rénovent le domaine depuis des années et accueillent les voyageurs et amoureux de la Camargue. 

Jadis de drôles d’oiseaux aux longues pattes élancées, défiant les lois de l’équilibre, avaient colonisé les anciens marais d’Arles. Les aïeux les avaient baptisés en provençal, les « Galégeons », ou plus communément les hérons. Le Mas des Galégeons fut érigé à cet endroit et existe depuis plus de 200 ans. 

Le père de François a acquis le domaine en 1967 pour l’élevage de ses nombreuses brebis. Face à la concurrence déloyale de l’Angleterre dans les années 80, il prend la décision de vendre son troupeau (2000 moutons) et de se tourner vers l’immobilier. François aime les longues chevauchées dans la nature, les végétaux et cette construction minérale. Tout en développant son métier de paysagiste il se met au défi de réinventer la bâtisse pour en faire un lieu de vacances. 

L’emplacement est stratégique à quelques kilomètres de l’entrée de Arles, à 10 kilomètres des Baux de Provence et de la plage des Saintes-Marie-de-la-Mer. On aperçoit de la piscine la façade torsadée de la tour Luma et ses variations lumineuses. Telle un porte-drapeau elle dresse fièrement ses briques en acier pour rappeler l’héritage de Van Gogh et des paysages rocheux des Alpilles. En même temps on admire les hérons qui marchent élégamment le long de la berge de l’étang.

François pendant 40 ans a rénové pièce par pièce tout son domaine. Dans cette nature farouchement attachée à l’authenticité, avec l’aide de Marianne, sa compagne, il a ciblé le mimétisme d’une construction fusionnelle, inscrite dans le paysage. 

« Les maisons de vacances, les suites devaient garder une rusticité, entre raffinement et ascétisme, tout en soignant le confort » raconte François.

L’exercice a consisté à faire le lien avec l’existant sans dissonance, tout en marquant le domaine d’un esprit différent, chaleureux et coloré. François a imaginé des suites avec des terrasses immenses pour apprivoiser la lumière et le soleil. Les gîtes proposent une ambiance tout en rondeur avec de larges canapés confortables, des suspensions légères, des chambres aux teintes douces mais aussi des objets, des livres, des souvenirs de voyage. Entre la passion pour l’histoire pour François, l’obsession de l’art et du beau pour Marianne, l’équilibre se crée, le fil se tisse. 

Il y a quelques années François a eu l’idée de construire une cabane au fond de la propriété avec vue sur un étang. Avec de vieilles planches de bois il a imaginé la « cabane bleue », une suite emplie de charme et de beauté simple. Très poétique, la jolie cabane est construite avec une terrasse sur pilotis pour mieux profiter de la nature. Rideaux de lin, bois flotté et rotin, la décoration est en accord avec les teintes du ciel, de la terre et des végétaux. 

Ici, on pratique le sens du partage, de l’échange, le plaisir de la table et celui d’ouvrir les portes en grand. Les voyageurs bénéficient d’une large cuisine d’extérieur, de barbecues et de terrasses ombragées où se retrouver pour échanger, cuisiner, lire, rêver.

« En plein été, nos hôtes cuisinent ensemble et nous partageons autour du braséro nos apéritifs et nos conversations ».

François a imaginé le bar et la cuisine d’été avec sa belle terrasse et son auvent pour profiter au maximum de la fraicheur. La piscine dévoile son eau bleutée à quelques mètres de l’étang. Aujourd’hui des oiseaux viennent nicher sur les berges et tous les ans reviennent se baigner dans l’étang de la Galégière. Au loin on aperçoit une cigogne qui a fait son nid sur un promontoire, des canards qui gigotent avec leurs bébés. 

Pendant des mois, François a creusé cet étang pour mieux irriguer ses terres et planter des dizaines d’arbres, d’arbustes et fleurs. 

Le choix de se fixer sur une terre de culture où fleurissent les antiquités et l’artisanat fascinent le couple. Ils ont donc laissé une place aux objets désuets, aux créations artistiques en proposant une boutique de décoration et un espace de brocante. «Il y a ici quelque chose de l’ordre du refuge, de la retraite, un esprit minimal, une retenue qui m’a sans doute été soufflé par la nature » souligne François.

Sans viser la perfection, le couple travaille la patine de l’émotion, détourne l’objet, recueille des pièces chinées qu’ils rassemblent dans une collection intuitive et vivante. Dans ses murs, la ruralité est toujours présente mais adoucie par les textiles, les couleurs de la décoration. Une sincérité qu’ils ont su insuffler naturellement à leur fabuleux projet. Ce sont 5 maisons d’hôtes, 4 chambres et la cabane-lodge qui sont aujourd’hui à la location.

« Cela ne ressemble pas à une restauration historique au sens littéraire du terme, rapporte François, nous avons avant tout imaginé un domaine qui raconte une nouvelle histoire et croise les siècles ».

On admire sur les murs une photo en noir et blanc qui découvre le visage et l’élégance du papa de François en costume typique sur un cheval blanc de Camargue. Il trône dans le bar du Domaine pour nous rappeler la culture et la beauté de cette région. 

La vue est devenue un spectacle où le panorama enchante et apaise. Les temps changent, la beauté des lieux est immuable. 

mas-galegiere.com/fr

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