Texte : Isabelle Aubailly
Qui n’a jamais admiré le cratère de Santorin et ses couchers de soleil spectaculaires ? Les villages de Fira et Oia sont pendant la période estivale habités par des milliers de touristes. Et pourtant il existe une autre Santorin où les panoramas sont époustouflants, où les ruelles sont presque désertes et où l’authenticité grecque est toujours bien vivante.
Quand Théodora (oohmygreece.com) m’a parlé de vignobles uniques et d’un village où les habitants continuent depuis des milliers d’années à cultiver leurs raisins, loin du tumulte touristique, j’ai tout de suite saisi l’occasion. Curieuse de découvrir une autre image de cette île des Cyclades, j’ai pris l’option de débarquer en plein mois d’août sous une chaleur dense allégée par le Meltem, ce vent grec qui souffle tout l’été.
Megalochori, un village loin de la foule
Situé dans le centre-sud-ouest de l’île, Megalochori est un village blotti dans une vallée surplombée de collines, entouré de vignes. Megalochori existe officiellement depuis le XVIIe siècle, mentionné dans les documents de cette époque.
Son architecture a été façonnée par la nécessité de défense contre les pirates : maisons troglodytes, façades aux petites ouvertures, murs épais, portes massives, cours intérieures fermées. Depuis une dizaine d’années, différentes maisons mais aussi de magnifiques demeures néoclassiques sont restaurées pour accueillir un tourisme différent. Les célèbres clochers élancés et églises aux dômes bleus ponctuent les ruelles.
Au cœur de la journée, sous la tonnelle d’une taverne de la place principale on découvre des habitants et des touristes qui déjeunent de mezze et plats populaires comme le Tzatziki ou la Horiatiki (salade grecque) accompagné d’un café frappé ou d’un vin blanc léger.
Megalochori est la capitale du vin et elle dévoile une histoire inconnue pour la plupart des touristes. En effet, cette île désertique parvient depuis des siècles, grâce à une méthode unique, à planter des vignes, et à récolter du raisin de qualité. Depuis peu l’œnotourisme permet de découvrir un vin méconnu et des domaines accueillants au cœur de cette terre volcanique. Et peut-être avons-nous des leçons à apprendre de ces grecs qui pratiquent la vigne malgré de très fortes chaleurs ?
Histoire du vin à Santorin
Des fouilles archéologiques à Akrotiri montrent que la vigne était
cultivée dès le XVIIe siècle avant J.-C., et probablement même
il y a 5 000 ans. Une éruption volcanique vers 1600 avant J. C. a détruit une partie des cultures, mais les vignes ont progressivement repris, profitant notamment d’un terroir riche en éléments minéraux. Aujourd’hui, le vignoble couvre environ 1 200 à 1 400 hectares, répartis majoritairement dans le sud et le sud-ouest de l’île.
Un sol volcanique préservant les cépages
Le terroir est caractérisé par des sols volcaniques – ponce, cendres, schiste, calcaire -, pauvres en argile et en matière
organique, mais extrêmement riches en minéraux. Cela confère aux vins une minéralité et une acidité marquée.
L’absence d’argile a par ailleurs empêché la propagation du phylloxéra : les ceps restent ainsi « francs de pied », parfois centenaires voire pluricentennaires.
Une viticulture adaptée aux contraintes climatiques
Le climat est chaud, sec, avec de forts vents marins, et seules la rosée nocturne et la brume apportent un peu d’humidité. Pour protéger les grappes du soleil et des rafales, les vignerons pratiquent la taille dite « kouloura » : les sarments sont tressés en forme de couronne ou panier, autour du cep, formant une sorte de nid protecteur.
Les styles de vins typiques :
Une adresse où séjourner
Ducato Wine à Megalochori
Dans le dédale de ruelles blanchies à la chaux, là où les portes bleues s’ouvrent sur des cours parfumées, Megalochori semble suspendu hors du temps. Ce village viticole de Santorin, bercé par des siècles de tradition, est un lieu singulier : le Ducato Wine Village, un ensemble de villas et de demeures qui respirent autant le luxe que la mémoire du vin.
Ici, le voyageur n’est pas un simple passant. Il est invité à pousser la porte des anciennes maisons troglodytiques, réinventées en refuges élégants. Les murs de pierre volcanique gardent la fraîcheur, les plafonds voûtés murmurent des histoires anciennes. À l’intérieur, un monde secret. Une cour de pierre, un bassin d’eau claire où se reflétent les bougainvilliers, et ce silence…
Au lever du soleil, les vignes environnantes s’éveillent. On devine les ceps, courbés au ras du sol dans leurs corbeilles tressées, une technique ancestrale pour protéger les grappes du vent.
Dans la journée on s’offre une baignade à la plage de Vlykada aux pieds des falaises, plage de sable noire et embruns salés. On remonte au village prendre un café frappé et une salade grecque sur la place principale sous l’eucalyptus. On part explorer le village voisin de Pyrgos à quelques minutes. Perchés sur une colline, on admire du sommet les voûtes bleutées des églises et la vue à 180 degrés de l’île.
Le soleil descend, on peut courir vers Oia et son château féodal pour admirer derrière les pales des moulins les derniers rayons. Le soir venu, c’est autour de la table du restaurant Raki, sur la place de Megalochori, que l’expérience se poursuit : cuisine généreuse, plats hérités de la tradition, et toujours ce parfum de vin. Mais ce qui distingue vraiment le Ducato Wine Village, ce n’est pas seulement le confort discret de ses villas ni l’exclusivité de ses services. C’est la sensation de vivre au rythme de l’île. Dans le labyrinthe tranquille de Megalochori, on croise les habitants qui s’attardent sur un banc, les enfants qui jouent sur la place, et l’on comprend que Santorin n’est pas qu’une carte postale : c’est une île de mémoire et de vin.
Séjourner au Ducato, c’est accepter de ralentir, de goûter au temps comme on goûte à un millésime rare. Au Ducato, j’ai trouvé plus qu’un hôtel : j’ai trouvé une culture, une façon de me souvenir de ce qui compte vraiment – un verre de vin, une pierre chaude sous la main, un plongeon dans le bassin d’eau fraiche, le bruissement d’un figuier dans le soir.
ducato.gr
Pour organiser votre voyage en Grèce :
Nos adresses :
Nos villages préférés :
Oïa pour balade et coucher de soleil.
Megalochori village viticole authentique au calme mais proche de toutes activités.
Pyrgos : village perché totalement charmant pour dîner en soirée.
Une plage : Vlykada Beach.
Apéritif dans Oia : Meteor Café.
Apéritif dans Pyrgos : Rita’s Bar ou Franco’s Café.
Une taverne : Temeteron sur la plage de Kampia (pas loin de Red Beach) Ou Cava Alta à Pyrgos en soirée.
Les Cyclades secrètes
1. Anafi, l’île perdue
À une heure et demi de ferry de Santorin, la petite Anafi (12 kilomètres sur 6) est le dernier arrêt des Cyclades. La légende dit que l’ile aurait été créée par Apollon afin que les Argonautes puissent se reposer sur le chemin de la Toison d’Or.
En raison de cette situation, l’île est longtemps restée un peu à l’écart (elle a par ailleurs longtemps été un lieu de déportation et d’exil politique) et ce n’est que ces dernières années qu’elle est devenue plus populaire attirant de jeunes grecs en quête d’authenticité, un parfum de Mykonos des années 80.
Anafi est une île montagneuse aux paysage arides et durs qui contrastent avec des points de vue sublimes sur la mer Egée. À l’exception de quelques oliviers et alignement de vignes dans les vallées les seules plantes qui peuplent cette île de granit et de calcaire sont les figuiers de Barbarie. On débarque au port d’Agios Nikolaos, constitué de quelques maisons, pour grimper à la Chora l’unique village de l’île. Typiquement cycladique avec de jolies maisons blanches qui dominent la mer, d’étroites rues et partout des vues magiques sur l’horizon, le village est presque désertique à la fin de la journée. On monte à l’église la plus haute pour admirer le coucher de soleil. Des grecs assis sur le toit de leur maison nous invitent à les rejoindre. Curieux, ils échangent avec nous quelques mots, nous conseillent une balade, une taverne.
En redescendant, quelques habitants attablés boivent l’ouzo. La population rajeunit avec les heures qui passent. Plus tard dans la nuit, les tavernes résonnent de voix fortes, de rires et du son des guitares. L’île est particulièrement réputée pour ses plages, ses chapelles et monastères qui sont autant de destinations de randonnées. Anafi propose un chapelet de plages et de criques qui s’égrènent sur tout le littoral sud depuis le port d’Agios Nikolaos et sont accessibles grâce à un magnifique sentier côtier. Nos préférées sont les criques autour de Katalimatsa, l’ancien port de l’île, et encore plus à l’est les plages au sud du monastère de Zoodochos Pigi, magnifique dans la chaleur insoutenable de la journée.
Nos adresses :
Louer un Suzuki Jimny chez Flora
Taverne Armenaki, beaucoup d’ambiance et délicieux
Dormir à Ta Plagia, studios simples mais vue unique
Boire un verre et faire la fête jusqu’à l’aube : Le Madres Bar
Notre plage préférée : Agioy Anargiroy au pied d’une chapelle.
2. L’incroyable Folegandros, mon coup de cœur.
Cette petite île d’une trentaine de kilomètres carrés, située entre les îles de Milos et Santorin, est tranquille, sauvage et montagneuse.
Le joyau de Folegandros et son cœur battant est sa spectaculaire Chora, perchée sur un plateau en bord de falaise à 3 kilomètres du port. Des maisons blanchies à la chaux avec des fenêtres colorées, des bougainvilliers et des jasmins qui embaument ses petites rues dallées, c’est sans aucun doute l’un des plus beaux villages médiévaux des Cyclades. Il y règne une atmosphère incroyablement heureuse et apaisée que ne vient pas perturber la circulation interdite au centre du village et l’on se retrouve, locaux et étrangers, sur les terrasses des cafés et tavernes des trois places adjacentes.
Le soir, il semble que toute l’île se retrouve ici pour venir diner sous les arbres, boire un rakomelo sur la place centrale bordée de deux églises et flâner dans les petites rues du Kastro.
En bordure de falaise, le Kastro, la partie la plus ancienne du village (certaines maisons datent du 12ème siècle) est un dédale fortifié médiéval, ancien cœur défensif contre les pirates, construit avec des rangs de maisons résidentielles de deux étages avec leurs petits escaliers extérieurs.
On aime le matin venir prendre son café frappé, écouter les oiseaux, faire du shopping et écouter les grecs anciens s’admonester et s’embrasser.
La journée à Folegandros on file découvrir une plage en bas des falaises, à pied ou en bateau-taxi. Elles sont toutes magnifiques car l’eau est d’une pureté incroyable et les paysages sont grandioses. En fin de journée, il faut monter à l’église de la Panagia, au bord de la falaise, l’emblème de Folegandros. C’est une jolie église blanchie à la chaux, anciennement faisant partie d’un couvent, accessible par un sentier en zigzag (15-20 minutes) depuis la place Pounda. La vue sur les couchers de soleil est parmi les plus spectaculaires de la mer Égée.
Nos adresses :
Plages :
Agios Nikolaos et sa taverne sur la plage.
Katergo incroyables fonds marins.
Vorina Beach.
Tavernes :
Belegra délicieux et très sympathique.
Eva’s Garden superbe jardin et dîner très fin.
Bars :
Alteri Bar apéritif au cœur de la Chora.
Anemomilos pour le coucher de soleil, sublime.
Laoumi music en fin de soirée .
Où dormir ?
Fata Morgana : incroyable piscine et terrasse avec vue, à quelques mètres du centre- ville. Les appartements (12) ont tous une terrasse et les petits-déjeuners sont incroyables.
Helena vous conseillera et vous donnera ses meilleures adresses.
Anemomilos : beaucoup plus chic, dans l’esprit cycladique petits app
