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Une nuit  étoilée au Château

Texte : Isabelle Aubailly

La route qui mène au Château de Montcaud traverse des paysages vallonnés aux accents toscans, chênes verts et pins parasols, champs de blé et plantes méditerranéennes. Au milieu du XIXe  siècle, les mûriers se multipliaient sur ces terres car la région de l’Uzège était une référence dans l’industrie de la soie. Les plantations appartenaient pour la plupart à des propriétaires aisés. Le début de la fabrication de la soie en France se situe aux alentours du XVIIIe  siècle et se développe durant tout le XIXe.

Construit en 1848 aux pieds des Cévennes et à quelques kilomètres d’Uzès, le château de Montcaud était la résidence privée d’un fabricant de soie. Les propriétaires actuels ont offert une nouvelle vie au château en tenant compte de son histoire et de son environnement. Les bâtiments annexes, un mas et ses dépendances, ont été transformés en un bistrot et un restaurant gastronomique reconnu aujourd’hui au guide Michelin. 

Une longue allée de platanes mène à l’entrée du domaine et de son parc. Le château dresse son architecture légère et délicate face à un étang et ses plants de lotus. Le jardin est immense avec ses pelouses, ses buis taillés, ses arbres majestueux et sa grotte romantique. Arrivés en début d’après-midi une chaude journée d’été, nous découvrons avec plaisir notre suite en L et ses hautes fenêtres ouvertes sur la piscine et l’étang. Fauteuils lie de vin et chaise longue tapissée de laine claire face à la cheminée de marbre, moulures aux plafonds et tableau de soie, salle de bain poétique avec baignoire à l’ancienne et vue sur la nature augurent d’instants privilégiés dans un décor très raffiné. 

La longue piscine bleutée et ses larges bains de soleil nous attirent pour une longue baignade rafraîchissante et dynamisante. On s’essaie au badminton pieds nus sur le gazon, on court jusqu’à la grotte secrète cachée derrière un étang et ses saules pleureurs. Une balade dans le parc de plusieurs hectares nous raconte la vision du maître d’œuvre de l’époque, Alexandre Eugène Collain. Il a voulu créer sa version idéalisée de la nature avec 140 espèces d’arbres du monde entier dont des cèdres, séquoias et gingkos.

Le soleil baisse doucement et la lumière se fait plus douce. Nous profitons de notre suite pour admirer de nos fenêtres le jardin, le bassin et écouter les oiseaux dont l’heure est propice au babillage. Pantalon fluide et jolie veste, maquillage léger et nu-pieds, nous descendons vers « Le Cèdre de Montcaud », le restaurant gastronomique du chef Matthieu Hervé. Quelques tables sont installées dans le Mas qui accueillait autrefois les écuries mais l’été, vous savourez vos mets sous les étoiles dans une cour intérieure fleurie, protégée du vent.

Originaire de Normandie, Matthieu Hervé après des années dans de grands palaces comme le Negresco, la Villa Madie ou le Cheval Blanc à Bâle, a rejoint l’Occitanie en 2018 et cette année, le Cèdre a décroché une étoile au Guide Michelin. Il a su tisser des connexions précieuses avec des producteurs locaux mettant ainsi l’accent sur les produits de la région. De par ses origines, Matthieu Hervé a une attention particulière pour le poisson et les crustacés. 

On démarre avec des chips de homard, langoustine crue sur pastèque rôtie et gaspacho au basilic. On fond pour ses amuse-bouche légers, savoureux et qui ne laissent pas indifférents. Le turbot accompagné de salicorne et petits légumes d’été est cuit à la perfection, le mignon de porc coiffé d’une truffe d’été est goûteux. Le dessert autour de la fraise enchante notre palais et les mignardises finissent par nous conquérir. Le sommelier a su avec beaucoup d’élégance nous proposer des vins légers, fruités ou plus puissants de la région, de belles découvertes et des arômes qui mettent en exergue les plats de Matthieu Hervé. 

Le chef vient échanger et nous parler du bonheur d’avoir réussi à obtenir l’étoile. C’est beaucoup de travail, mais de joie indescriptible quant au bout de 5 années d’exploitation, toute l’équipe est récompensée. Il nous confie continuer à rechercher les meilleurs produits à la criée du Grau du Roi par exemple et aimer travailler avec les fournisseurs proches de Montcaud. La région est riche en fruits et légumes et le chef se plaît à connaître les cultivateurs, pêcheurs ou viticulteurs de la région. 

On marche quelques mètres sous les étoiles pour retrouver le château. 

Au matin, nous partons courir le long des chemins du parc réinventé par Marc Brillat-Savarin, savant paysagiste qui a su redonner toute sa grandeur à la nature. Nous enchaînons sur les routes qui longent les champs pour mieux apprécier le premier bain du matin et le pantagruélique petit-déjeuner servi sous la tonnelle du bistrot. Nous quittons à regret ce petit paradis bucolique où le temps semble s’être arrêté. 

La région est belle. Saint Quentin la Poterie et ses céramistes talentueux valent bien un petit détour et la belle Uzès propose des promenades gastronomiques entre les allées de son marché ou plus culturelles dans les ruelles historiques autour du Duché. 

Sous le soleil bien haut de l’Uzège, la pierre des murets et des mas est somptueuse, les oliviers frissonnent sous la brise et les chemins sillonnent au travers des collines. 

www.chateaudemontcaud.com

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